Avrieux © Flore Giraud (8)
La séduction, sous tous les angles

Dans ce voyage éclatant de couleurs et de dorures, vous découvrirez de fausses matières cachant de vrais savoir-faire ; des bois imitant à la perfection la pierre ; de tous petits détails dans de grandes perspectives… Et le plus incroyable dans cette histoire, c’est qu’une fois révélés tous les secrets de ce maître de l’illusion, cet art n’aura rien perdu de son pouvoir sur vous…

Son pouvoir de séduction , l’art baroque le puise aussi dans toutes les matières mises en œuvre dans ses décors. Les tissus apportent évidemment toute la palette de leurs nuances mais, parmi les matériaux plus singuliers, les cuirs sont aussi d’un usage répandu : dans les églises de montagne, vous les verrez ici en médaillons peints sur le retable dédié à Notre-Dame du Rosaire, comme en l’église de Saint-Bon (Courchevel, Tarentaise), ou plus fréquemment, en lés repoussés et peints – à la manière des cuirs de Cordoue – sur de nombreux devant d’autels d’églises comme de petites chapelles…

FAUSSE MATIERE ET VRAI SAVOIR-FAIRE

Si les artistes de la période baroque ont fait du trompe l’œil et des fausses matières leur domaine de prédilection, ce n’est ni par calcul, ni pour faire illusion, mais bien par souci de perfection…

L’art baroque était à ce point riche de formes, de styles et de couleurs que même les matières les plus précieuses et les plus nobles ne suffisaient à couvrir leurs exigences.

Ainsi, la rareté autant que le poids de l’or rendaient cette matière inadaptée à un art accumulant les représentations et juxtaposant les scènes. D’où la préférence donnée aux feuilles d’or, permettant de couvrir un maximum de décors et d’ornements, sans surcharge pondérale.

Dans un autre registre, plutôt que d’investir dans un bloc de marbre pouvant présenter certaines imperfections, on préférait investir dans de fausses matières, mais de vrais savoir-faire : un faux marbre plus vrai que nature. Ces fausses matières pouvaient être aussi coûteuses que le matériau authentique, mais garantissaient un rendu irréprochable.

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UN ART EN MOUVEMENT

L’œuvre ne se décrit pas, elle se ressent. Pour autant, quand on sait l’incroyable effet produit par l’art baroque, forcément on a envie de connaître ses secrets.

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Le message était clair : construire une flèche à peu près comme celle qui existait avant la Révolution.

TÉMOIGNAGE

Commanditaire de la flèche à double bulbe en remplacement de celle abattue le 3 germinal de l’An II, le représentant de la communauté de Bozel, nous raconte :

« Le message était clair : construire une flèche à peu près comme celle qui existait avant la Révolution. Si clair que grâce à la souscription publique et à une coupe dans le bois communal, les matériaux nécessaires à sa construction affluèrent, amenés à pied d’œuvre grâce à 2640 journées de corvée, rendues obligatoires sous peine de 1,5 francs d’amende par jour !


DE L’IMPORTANCE D’Y METTRE LES FORMES

Recadrer les fidèles en y mettant les formes, tel était le dessein de l’Eglise. Et si elle a choisi le langage artistique baroque pour porter son message, ce n’est pas un hasard… Mais pour ses tout petits détails faisant sa grandeur… et venant servir celle de Dieu.

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Megève © Marie Bougault (3)
Eglise St-Jean-Baptiste, Megève , Haute-Savoie © Marie Bougault

DÉCRYPTAGE

Un clocher à bulbe en acier inoxydable

Si vous vous fiez à la forme et à la manière, il semble d’époque baroque. Mais si vous pouviez regarder de plus près la matière, un indice caché sous la patine vous indiquerait qu’il est plutôt de la vôtre… car l’acier inoxydable ne date que de 1913.

Ça n’enlève rien au talent des couvreurs, reproduisant les gestes et perpétuant le savoir-faire des « magnins », ferblantiers souvent originaires de Franche-Comté ou de Suisse. Des ferblantiers qui, croyez nous sur parole, s’ils avaient connu l’acier inoxydable, l’auraient utilisé !