Les vallées de la Roya et de la Bévéra forment un paysage riche et diversifié, qui s’étage entre 350 m et 2800 m, orientées nord – sud le long de l’actuelle frontière franco-italienne.

Entre méditerranée et haute montagne

Les vallées jouent le rôle de « couloir biologique » qui permet au climat méditerranéen de pénétrer très en avant dans les Alpes. Au sud l’influence méditerranéenne se fait largement ressentir alors que le nord du territoire possède toutes les caractéristiques des zones montagneuses alpines.
A l’origine, le territoire était recouvert par l’océan primordial, au fond duquel se sont déposées des couches de sédiments, couvrant le socle cristallin. Il s’agit des pélites permiennes, formées au cours de l’ère primaire, il y a 280 millions d’années.
Lors de la formation des Alpes, il y a environ 30 millions d’années, sous l’action des forces tectoniques, cet ensemble s’est déformé : failles, plis, glissements ont entraîné l’émergence du socle primitif et des pélites permiennes (appelées schistes) qui, rouges ou vertes, sont très fréquentes dans la haute vallée de la Roya. Enfin, il y a 15 000 ans, la dernière période glaciaire appelée Würm, a façonné le massif, sous l’effet de l’érosion, du froid et des éboulis.

Au sud du territoire, dans le bassin de Breil-sur-Roya et Sospel, les dépôts de sédiments forment une couche gypseuse, qui a fait l’objet d’une exploitation jusqu’au milieu du XXe siècle pour la production de plâtre.

L’eau au cœur des vallées

Le Pays d’art et d’histoire des vallées Roya-Bévéra doit son nom aux deux cours d’eau principaux qui le traversent : la rivière Bévéra qui prend sa source dans le massif de l’Authion, affluent du fleuve Roya. Ce dernier, dont l’origine se situe à 1750 m d’altitude, près du col de Tende, se jette dans la mer en territoire italien à Vintimille.

Le Mercantour

Au milieu du XIXe siècle, le roi de l’homme Piémont et de Sardaigne, Victor-Emmanuel II, « roi chasseur », se préoccupe de la sauvegarde de ce territoire, ayant constaté la disparition de certaines espèces animales. Il décide alors de proclamer « Réserve Royale de Chasse » les massifs de l’Argentera et du Mercantour.
Dans les années 1960, le Conseil général des Alpes Maritimes émet la volonté de créer un parc national englobant l’ancienne réserve de chasse. Ce projet verra son aboutissement en 1979 avec la création du parc national du Mercantour, qui mène aujourd’hui des actions de sauvegarde de la faune et de la flore, d’étude, de médiation et de réintroduction d’espèces animales.

Une biodiversité unique

Le parc national du Mercantour, qui est au cœur des vallées de la Roya-Bévéra, est reconnu pour la richesse de sa faune (loups, bouquetins, gypaètes…) et surtout de sa flore, unique en France, notamment grâce aux nombreuses espèces endémiques, c’est-à-dire spécifiques à cette région.
Parmi les fleurs, les orchidées les plus rares sont présentes comme l’ophrys bécasse, l’orchis papillon, mais aussi la primevère d’Allioni ou le saxifrage à mille fleurs.

Des pentes façonnées par l’homme

Le système agropastoral traditionnel est basé sur une économie de petite polyculture vivrière et sur l’élevage. La moindre parcelle est mise en culture grâce à l’aménagement de terrasses. Le façonnement des pentes en planches est généralisé sur tout le territoire, des zones les plus méridionales jusqu’aux alentours de Tende. Les murs de soutènement des terrasses, maçonnés à sec, débarrassaient les sols des nombreuses pierres. Cette oeuvre de terrassement connait son extension maximale au XIXe siècle, période de l’expansion démographique la plus importante dans les vallées. Ce système de culture a été peu à peu abandonné après la Seconde Guerre mondiale.